Et donc ton bouquet d'accueil?



Eh bien déjà quelques questions de base pour planter le décor :

  • pour toi l'accueil c'est où, quand, comment, pourquoi, pour qui, avec qui?
  • et toi tu viens d'où, tu viens de qui, tu viens de quoi? Une berceuse, un accent, un paysage? Comment tu as été accueilli? Et est–ce que ce "chez toi" existe encore?

  • c'est comment chez toi, ça fait quels bruits, quelles lumières, quelles matières, quel goûts? Quand tu en pars, quand tu y reviens, c'est pareil ou c'est différent?

  • chez toi, tu le définis comment?
  • c'est juste dedans ou c'est aussi autour, par où et comment on y arrive?

  • ça veut dire quoi pour toi accueillir l'autre? Accueillir les évènements du quotidien? Accueillir des moments phares de ta vie? Accueillir une situation? Accueillir une information? Qu’est–ce que ça remue en toi?



Quelques affirmations, à toi de dire si tu es d'accord : l'accueil...

  • ... c'est une interaction humaine, un processus fondamentalement différent du service, se traduisant par le corps et les sensations
  • ... c'est aller vers, se rencontrer en terrain neutre, là où chacun se montre vulnérable, pour créer une confiance
  • ... réussi transforme aussi bien l'accueillant que l'accueilli, on en ressort grandi sinon il n'y a pas d'accueil

  • ... est imprévisible par essence parce que c'est une co–création dans le moment présent
  • ... demande d'être bien là, de se trouver soi–même pour se tourner vers l'extérieur
  • ... dedans il y a aussi des deuils, ce qu'on lâche au fil de la rencontre

  • ... ne peut pas être tout seul isolé, il a des codes qui renvoient à un collectif
  • ... n'est pas le début mais déjà l'aboutissement d'un processus pour celui qui accueille
  • ... est la première phase du lien pour l'accueilli, c'est ce lien qui lui donne tout son sens

  • ... suppose de la volonté et l'effort de bousculer son confort, et il ne peut jamais se figer en habitude parce qu'il est toujours nouveau
  • ... suppose un travail sur soi–même qui prépare à accueillir, qui institue une disposition cultivée à l'accueil, qui facilite l'apprivoisement des horizons inconnus
  • ... suppose empathie, écoute, action, et risque, pour laisser la chance qu'advienne une expérience unique et personnelle pour chacun de "se sentir comme chez soi"



Et quelques questionnements plus larges :

  • est–ce qu'on a une mémoire de l'accueil? Est–ce qu'on peut en avoir reçu des récits marquants? En quoi ce thème–là peut nous relier (ou pas) à nos proches? Et à nos lointains?

  • est–ce que prendre le temps de ralentir et de se poser ensemble, c'est prendre le risque de perdre pied et de mourir, ou celui de ressentir et de vivre? Quelle qualité d'attention à soi–même et aux autres on nourrit en allant vite? Et en ralentissant?

  • proposition de liste d'actions contenues dans l'accueil–: cueillir, recueillir, ramasser, emmener à, rassembler, réunir, accepter, donner refuge ; et conforter, additionner, créer des liens d'identité et d'homogénéité permettant de partager une qualité d'accueil

  • proposition de liste de ce qui nous est essentiel et nécessaire à l'accueil : le silence, l’horizon, le soin des morts, la liberté d’usage, la qualité de vie, la qualité de santé, le temps long, la possibilité de demeurer et devenir ; mais aussi les méthodes qui permettent de les préserver : le climat de soin, l’enquête, le droit d’expérimentation, la générativité du vulnérable, la furtivité.

  • accueillir c'est s'ouvrir à un risque, et ce risque crée de l'évènement, du commencement. En quoi et comment cette capacité à inaugurer, à produire du hors–trace, du pas–encore–représenté, de la discontinuité, peut nourrir notre capacité à accueillir?

  • accueillir c'est ouvrir ses perspectives, et qu'est–ce qui tue les perspectives? Les murs, l'ignorance, le relâchement, l'empêchement? Inversement qu'est–ce qui peut déplacer nos lignes d'horizon? Quand est–ce qu'on crée et quand est–ce qu'on défait?

  • l'accueil comme espace inaugural d'un jeu "on dirait qu'on serait..."
    A partir de "et si", de mises en récits — si plus d'eau, de numériques, d'artistes, ... si manques, quelles résiliences nous sont possibles à accueillir?
    Comment construire des futurs souhaitables et comment mettre en récit les futurs souhaités, comment se préparer au préparable comme à l'impréparable, comment travailler avec les sagesses transmises et les imaginaires du futur?

RRES FR EN