Othello, mon mari, brave et puissant, affranchi. Son lieutenant est Cassio, amant de Bianca. Son enseigne est Iago, mari d'Emilia, ma dame de compagnie. Quelle trahison peut venir de là?
Mon cousin Lodovico a annoncé notre rappel à Venise, et la nomination de Cassio en tant que gouverneur de Chypre. Est–ce vengeance de Roderigo mon malheureux prétendant?
Othello dans son sommeil, dans ses absences, parle de morts à donner, il me fait peur. Je ne l'appelle pas là, j'y épuise ma douceur. Sa peau ensoleillée n'est plus celle d'un esclave, par quoi semble–t–il possédé bien que libre désormais?
Ici dans mon jardin, nourries, baignées, les graines poussent. Nous dessinons ensemble, elles par leur poussées et moi par mes allées, des tracés.
Les motifs sont des contraintes ou des repères, fermés ou ouverts. Des articulations à veiller. L'eau doit y circuler, ne pas se figer. Un corps sans eau est crispé, distordu, maniéré.
Quand il n'y a plus d'eau? Souvent il y a eu un grand oui, trop grand, un motif a cédé et s'est noyé, et l'eau s'est évanouie. L'eau nous compose, elle nous relie, elle fait lien entre soi et l'autre. Ou elle fait une boue vouée à se dessécher.
Le non est une articulation nécessaire au déploiement du oui. Le non délimite le nommé, le différencie, l'émancipe du référent. Le non résistant est créateur.
Le oui est mortifère s'il ne porte pas de chair, s'il ne se mesure pas à une responsabilité, une soutenabilité du vivant. S'il ne se rapporte pas à un non. Le oui communicant est nivelant.
Le non est un impératif primordial, son absence induit dépendances et violences, elle devient non– symbolisation, non– expression. Sans non court le fantasme de tenir, de figer ce qui échappe, de ne pas se défaire de la mère. Sans non, ce carcan détournant les besoins de se sentir pris en soin.
Le crime passionnel, l'insupportabilité du non, est une fiction inventée au XIXème siècle pour mieux vendre les journaux. Ouvrons, les yeux, les mains, les bras, n'enserrons pas, relayons l'envol.
Dire oui : donner. Le pouvoir non de soumission mais de capacitation. On pousse en se séparant, on ne s'élève pas en coulant.