Corse, date indéterminée. Retour à terre. Le vent du désert souffle encore d'orient en occident, il vient donner à l'espace sa respiration.
Nous avons emboîté le pas à une histoire naissante, qui a essaimé au delà de sa culture native. Elle s'est inscrite dans la pierre comme dans la chair.
L'enclosure de départ était portée par une géométrie complexe pour refléter le monde spirituel. Cette même géométrie passée en occident a nourri une soif de prouesses — de hauteurs, de luminosités, de maîtrises — dont les injonctions se sont répercutées dans le souffle et dans le corps.
Le souffle, au départ accueilli dans le chant, modal et horizontal car basé sur la ligne mélodique, est devenu dirigé, au service d'une musique tonale, écrite et verticale car basée sur les accords.
Et le corps, inscrit dans une dualité avec l’esprit, a dû s'effacer, s'absenter de la pensée occidentale jusqu'à l'orée du XXème siècle et aux premiers pas de la danse contemporaine.
La modernité et les accélérations qui l'ont accompagnée ont créé un certain nombre de ruptures, de libertés, d'aliénations. On a divisé nos représentations du monde en nous opposant — mythe et histoire, cyclique et linéaire, centre et périphérie, parmi tant d'autres. On a appuyé de nouvelles ruptures.
Quels bagages, au pluriel, choisissons–nous de porter qui nous rendent proches ? Quels bagages subissons–nous qui nous éloignent et nous essoufflent ?
Dans nos constructions et dans nos corps, comment nourrissons–nous notre besoin de récits communs ?