Le crieur des rumeurs :
"1180, nuit de Liège, nuit de Flandres. On y mentionne un fait nouveau, on le dit béguinage : des habitations regroupées dans un enclos, où des femmes vivent entre elles. Que se trame–t–il entre ces murs et qui sont–elles ? Le murmure de la rumeur germe."
Ecoute. La pierre. Et les os. Tes pierres à toi.
Ecoute. Leur pulsation. Leur battement.
Ecoute. Quel être ou quelle mutation point.
Les os deviennent sensibles.
Même le sol le plus revêche recèle sa richesse de graines.
Quelle que soit la violence qui l'engendre la vie vient et se déploie.
Les os paraissent rigides, mais ils sont souples. Ils sont ta force, ta structure. Ils sont ta porte.
Tu ne peux lutter contre : épouse la contrainte.
Râcle. Claque. Frotte. Froisse. Déplie. Déploie.
Os. Sol. Souffle. Sol. Souffle. Pierre levée. Pierre couchée. Os. Sol. Issue.
Pars de cet espace. Pars de ce dedans. Passe tes détroits.
Pars. Fuis. Goutte à goutte. Mets–toi en mouvement.
Respire. Ouvre. Respire. Ouvre. Vers l'intérieur. Lève le voile. Livre passage.
Le passage donne forme.
Respire. Inspire. Exprime. Encore.
Ca y est : le jour est là.
Les os encore sensibles comme la peau, couvre–toi d'eau.
L'eau apaise la pierre devenue peau.
Rince–toi, gorge–toi du passage fait, du passage donné.
Debout. Tu dois être debout.
Râcle. Claque. Tes talons sur la pierre. Elle te porte. Râcle. Claque. Leurs talons en écho. Des pas sortent.
Frotte. Froisse. Les peaux qui t'enveloppent. Tu marches. Déplie. Déploie. Le rêche et le revêche. Nous te rejoignons.
La froidure, la soudure, le carême de nature ne font pas oublier le printemps qui s'en vient. Qui est là. Malgré tout. Ouvrons.