La fête des troubadours s'estompe et disparaît.
La nuit avance, d'autres cavaliers noirs s'élancent sur mes terres. Celui de la guerre qui s'installe pour cent ans, on me fait frontière on me fait front, on me fait mal on me fait peine, j'en pleure et j'en saigne. Et puis celui de la peste, qui emporte dans son sillage funeste le tiers d'entre vous.
De partout, les bois coupés pour les bûchers, les boues des sols dévastés, et les cendres et les coulées dans mon lit. Aliénor n'est plus, et au tournant du XVème siècle la lignée de Guillaume Ier s'éteint enfin. Puis les feux. Puis les combats. Reste à laver et à ressemer.
Les troubadours ne sont plus non plus mais leur héritage a traversé les turbulences. Il resurgit sous la forme de chansons que vous dites "voix–de&nadash;ville", écrites, à une voix, avec musiciens et refrains.
Pour dieu ne pensés mie
Que nulle ait signorie
Seur moy fors vous seulement.
Qu'adès sans tricherie
Chierie
Vous ay et humblement
Tous les jours de ma vie
Servie
Sans villain pensement.
Hélas! et je mendie
D'espérance et d'aïe;
Dont ma joie est fenie,
Se pitié ne vous en prent.
Et quant ma maladie
Garie
Ne sera nullement
Sans vous, douce anemie,
Qui lie
Estes de mon tourment,
A jointes mains deprie
Vo cuer, puis qu'il m'oublie,
Que temprement m'ocie,
Car trop langui longuement.
Douce dame jolie,
Pour dieu ne pensés mie
Que nulle ait signorie
Seur moy fors vous seulement.