Le 4 mars 1790, Louis XVI est encore là pour assister à la naissance de ma filleule : la Dordogne, ce petit bout de France qui réunit vos quatre Périgords. Je rayonne, et je vous remercie encore de tous les mais de joie plantés à cette occasion. Ces mais, qui deviendront cent, mille, soixante-mille arbres de la liberté.

Le vivant est un cycle, la mort une mutation, chacun l'accueille à sa façon. Là des paroissiennes privées de messe replantent un arbre à l'envers, les feuilles en terre. Ici des croyants se rebaptisent pour entrer dans une nouvelle vie. Des Truffe, Fusain, Fragon, Cormier, Sureau, ... fleurissent sur mes rives. Et moi mère–rivière je vous berce, tous et chacun.

Le vivant est un cycle, la mort une mutation, pour moi aussi. Je vois d'abord arriver vos préfets, exécuteurs zélés d'une volonté d'uniformité résolument opposée aux traditions locales. J'en ai mal pour vous. Et puis je découvre la machine à vapeur, ce monstre que nous avons engendré avec mes soeurs–rivières en jouant dans vos moulins et dans vos roues.

C'est l'ère de vos nouveaux veaux d'or. Ceux–là vous les construisez, vous ne les rencontrez pas. Il s'agit d'arriver, produire, produire, arriver, empiler, amasser, accaparer, écraser, arriver. Draîner la sève et le sang du vivant pour en faire un objet.
Dès 1811 vous me préférez la route. Puis en 1852 le chemin de fer. Vous m'abandonnez.

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