Dans mon lit reposent mes mémoires.
Mon lit, un cadeau façonnéé par les mains potières des mers de l'ère secondaire. Car mère–rivière je suis née de quelque part moi aussi, de quelques fées autour d’une source–mère.

Puis j'ai grandi, bercée, portée par ce paysage aux bras généreux et nourriciers. Mon père–paysage, né de l'eau lui aussi, des glaces du quaternaire.
Vraiment nous formions une belle famille, aimante et avenante. Et c'est alors que vous avez commencé à venir vivre avec nous, les premiers.
Périgord pays de l'homme, et des femmes forcément, la Vénus de Sireuil a compté parmi ces premiers habitants. Nous avons joué ensemble, avec une insouciance sérieuse, car le jeu c'est très sérieux tous les enfants le savent.

Et puis ils sont arrivés, eux, les grands, et avec eux l'oubli des écumes et des joies d'avant. Par paquets, par carrés, en sandales et sac à l'épaule, les légions romaines. Ils ont quadrillé, posé, ordonné, décrété. Ils se sont emparés de nos divinités. Autour de Vesunna ils ont dit "les Pétrocoriens" et effacé nos liens anciens.

Ils ont régné, et quand Vesunna n'a plus suffi à la soif de pouvoir de leur empire, ils ont ramené d'Orient un autre dieu, et demandé à leurs jeunes filles de le chanter.

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