Le crieur des rumeurs :
"1310, ce soir une béguine est brûlée vive pour avoir réfléchi par elle–même, écrit un livre, et tenu tête à l'Inquisition. On la dit radicale, critique, intraitable. Mais ce n'est pas si simple.
Car en toile de fond, Philippe le Bel utilise l'Inquisition pour affirmer son pouvoir contre l'Eglise. Il entreprend d'anéantir les Templiers en forçant l'appui du pape, et vise en même temps leur puissance financière internationale.
Car l'économie est un autre enjeu clé. En évoluant vers la spécialisation et le commerce, elle génère de nouvelles dépendances entre royaumes, et des tensions multiples."
Elle brûle avec son livre. Et elle rayonne d'un feu qui ne s'éteint pas.
Blotties dans nos manteaux de camelote grise, nous contemplons le supplice de Marguerite, et nous nous taisons.
Peu d'entre nous ont pris la voie mystique et nous le payons toutes, car nous sommes unes, car surtout ce qui nous est reproché ce n'est pas le mysticisme mais notre liberté.
Autour de Marguerite, la faillite du trésor royal, les pièces noires, les scandales en tous genres eux ne brûlent pas, ils grouillent. Ne pouvant se voir moins saint que son aïeul St Louis, Philippe le Bel joue l'ange exterminateur, et il déchoit.
Ce soir pas de corps à laver : les cendres volent sur la ville. A défaut nous retrouvons le corps commun de la communauté et préparons le repas.
Toujours, les aliments de la joie : de l'épeautre, des racines, quelques amandes, anthémis et galanga.
Discernons.