Mes flots s'écoulent quelques heures, quelques siècles peut–être. Parmi ces arbres des rives émerge fin IXème siècle un certain Guillaume Ier.

Il se pose en maître évidemment, comme beaucoup d'entre vous. Et si je peux me permettre, là où vous croyez être maîtres vous n'êtes qu'interprètes des eaux qui vous entourent. Des eaux qui vous enseignent le temps long, les courants de fond, les intuitions les ressentis et les contes du pays, tous ces mouvements tapis qui portent les vagues en surface, là où de loin en loin une écume jaillit et vient claquer au pied d'un arbre son grand discours fugace.
Pendant qu'autour de mon lit joue et vit toute une cosmogonie périgourdine, faite de dames blanches, de fachilleras, de saunes et de jauvents, entre terre et eau, entre mort et vie, toute une boue joyeuse de mémoires et de récits.

Mais revenons en surface.
Guillaume Ier donc s'impose et étend ses branches sur le Périgord. Quelques heures ou quelques siècles plus tard, les principales abbayes du territoire sont fondées et assoient leur influence. D'abord contents bientôt vous ne l'êtes plus, jugeant cette tutelle monastique bien trop critique de vos droits et libertés. Et vous inventez les cours libres du midi, vous vous souvenez? Vous vous opposez au pouvoir de l'église et de Paris, et accueillez une nouvelle poésie "de bos motz e gai souns" :

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